L'enfant.
Lorsque je l’ai rencontré pour la première fois dans un cadre professionnel, j’étais moi-même une enfant.
Animatrice BAFA de 18 ans, il m’en a fallu de la maturité pour prendre soin de lui.
J’ai souvent eu le sentiment qu’il m’apprenait bien plus que je ne lui apprenais.
C’est lui qui m’a fait comprendre que la meilleure position pour s’activer, c’est d’être assis par terre, sur les fesses.
C’est lui qui m’a montré combien rire aux éclats est un médicament précieux.
C’est lui, encore, qui m’a démontré que l’on peut dire ce que l’on pense en toute simplicité, que l’essentiel, c’est que le fond de notre "soi" soit harmonieux.
Et il l’est, souvent, chez l’enfant.

Et puis vient l’éducation, l’adulte et son besoin de tout maîtriser, transformer à son image, envie.
J’ai travaillé au sein de l’Éducation Nationale durant 15 ans, mais j’ai surtout été active pour une Éducation dite Populaire.
Et c’est tout à fait différent.
Avec elle, on continue à l’appeler "enfant", alors que la première le nomme "élève".
Ce n’est peut-être qu'un détail pour vous, mais pour moi, ça veut dire beaucoup.

Puis mes missions de directrice d’ACM (Accueil Collectif de Mineurs) spécialisée en assistance sanitaire, ainsi que mon BPJEPS - autre diplôme délivré par ce que l’on nommait alors Jeunesse et Sports - m’ont permis d’occuper des postes d’encadrement de projets et d’équipes.
Ça y était : je pouvais proposer des activités en lien avec ce que j’avais vécu en tant qu’enfant !

J’ai été élève en classe Freinet et Jeannette (c’est la section féminine des Scouts).
J’ai baigné très jeune dans le milieu de cette éducation - la populaire - celle qui dit qu’on est tous égaux, celle qui n’admet pas qu’on en laisse un sur le banc de touche, celle qui pense - comme je le pense du plus profond de mon âme - que la société est là pour aider, éduquer, et non pour juger voire punir. Celle qui nous rend curieux et aiguise notre esprit critique.

Il en faut, du monde, pour élever un enfant…
Je suis une maison de ce village éducatif, comme nous tous, adultes, avons pu en rencontrer sur notre chemin d’enfance, puis d’adolescence.

Je n’ai pas oublié combien l’adolescence peut être douloureuse et l’entourage incompréhensif.
C’est donc naturellement que j’ai accompagné des ados de quartiers sensibles (Hauts de la Paillade, Razimbaud, Les Platanes…) ainsi que des décrocheurs scolaires avec Léo Lagrange.

Je n’ai jamais rencontré de problème relationnel, parce que je n’ai pas oublié combien cette période peut être rude.

On dit qu'il faut tout un village pour élever un enfant.
Et je suis une passeuse de valeurs, sans doute un peu à l'ancienne - celles qui disent qu'il faut tenir la porte à la vieille dame - via des activités éducatives, artistiques et culturelles, ainsi que des accompagnements holistiques.

Je dédie cette succincte présentation à M., jeune enfant autiste, il m’a tellement appris.

Nadine