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Déposer, transformer, réapproprier : le chemin de l’art-thérapie

  • Photo du rédacteur: Émo Earth
    Émo Earth
  • 15 août
  • 3 min de lecture
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Lorsqu’un événement bouscule profondément nos repères - qu’il s’agisse d’une perte, d’un accident, d’une transition de vie ou de tout autre bouleversement - il devient difficile de trouver un sens et de retrouver un équilibre émotionnel. Ces chocs provoquent souvent une désorganisation intérieure : pensées confuses, émotions à vif, sensation d’être coupé·e de soi-même et des autres. Pourtant, la recherche montre qu’il est possible, même dans ces périodes, d’engager un processus créatif qui aide à voir les choses autrement, à se reconstruire et à avancer.



Ce que montre la recherche

Bien que l’art-thérapie, dans ses formes actuelles - dont les racines remontent aux pratiques artistiques à visée rituelle ou thérapeutique présentes depuis l’Antiquité - soit née dans les années 1940, les recherches quantitatives et physiologiques sur ses effets - réduction du stress, résilience, plasticité cérébrale - se sont particulièrement développées depuis le début des années 2000. Elles convergent aujourd’hui vers un même constat : les approches créatives, et particulièrement l’art-thérapie, ont un effet mesurable sur le stress et la reconstruction après un traumatisme.


Baisse mesurable du cortisol

Une étude menée par Girija Kaimal, Kendra Ray et Juan Muniz (Art Therapy : Journal of the American Art Therapy Association, 2016) a montré que 45 minutes d’activités créatives guidées entraînaient une baisse significative du cortisol salivaire, indépendamment de l’âge, du genre ou de l’expérience artistique préalable - lire l'article.


Exprimer ce qui n’a pas encore de mots

Barbara Ball (The Arts in Psychotherapy, 2002) a documenté, à travers un protocole de 50 séances d’art-thérapie avec des enfants en grande souffrance émotionnelle, l’émergence de "moments de changement". Ces instants clés permettent de faire remonter à la surface des vécus cachés, non encore verbalisables, amorçant un processus de résilience.


Réinterpréter le vécu grâce au "meaning-making"

Crystal L. Park (Psychological Bulletin, 2010) a proposé un modèle de "construction du sens" montrant que le travail métaphorique et symbolique aide à réduire l’écart entre nos croyances profondes et l’interprétation d’un événement douloureux, rendant ce vécu plus habitable et compatible avec la poursuite de la vie.


Ces travaux s’ajoutent à de nombreuses autres recherches qualitatives, cliniques et exploratoires qui documentent l’expérience vécue, les processus créatifs à l’œuvre et l’évolution du lien à soi au fil des séances.



Comment agit l’art-thérapie

Par ma formation et mon expérience, j’ai très tôt élargi ma pratique aux dimensions multimodales de l’art-thérapie : arts plastiques, bien sûr, mais aussi danse, mouvement corporel, mime, ainsi que le travail sur le son – voix, sons instrumentaux, bruitages et musique. Cette approche permet d’offrir à chaque personne un canal d’expression qui lui convient, ou de combiner plusieurs langages créatifs pour enrichir le processus.


Je décris ce chemin créatif en trois temps : déposer, transformer et réapproprier. C’est ma façon de synthétiser les étapes observées dans ma pratique multimodale, en m’appuyant sur les principes de l’art-thérapie. Selon les approches, d’autres praticiens utilisent des formulations différentes : accueil - exploration - intégration, mise à distance - transformation - réappropriation, ou encore expression - élaboration - consolidation.


  • Déposer : ce qui pèse dedans est posé dehors, sous forme de traces, de couleurs, de matières… mais aussi par le geste et le son, selon les besoins et les possibilités de la personne.

  • Transformer : en manipulant la matière, en modifiant un geste ou en jouant avec le son, on assouplit aussi les émotions associées. Ce qui était figé devient malléable et peut être réinventé.

  • Réapproprier : l’œuvre produite - qu’elle soit visuelle, gestuelle ou sonore - devient un tiers qui peut être regardé, écouté, nommé, modifié, jusqu’à trouver une place acceptable dans sa vie.


Ce détour par l’image, le geste et le son active des circuits différents de la parole seule. Il contourne l’évitement, rend abordable ce qui serait trop frontal, et redonne du pouvoir d’agir.


NB : Méfiez-vous des livres de coloriage qui s’affublent du titre « art-thérapie » : s’ils peuvent être relaxants, ils ne remplacent en rien un accompagnement professionnel structuré. Ce type de raccourci alimente aussi une confusion fréquente : réduire l’art-thérapie au simple fait de dessiner/peindre, et l’associer uniquement à l’enfance.




Voici trois visuels qui illustrent le chemin intérieur que permet l’art-thérapie


Déposer ce qui encombre. Mettre à distance la charge émotionnelle en la sortant de soi, puis commencer à l’intégrer différemment. Dans le processus créatif, ce geste symbolique ouvre déjà la voie à une assimilation plus apaisée.
Déposer ce qui encombre. Mettre à distance la charge émotionnelle en la sortant de soi, puis commencer à l’intégrer différemment. Dans le processus créatif, ce geste symbolique ouvre déjà la voie à une assimilation plus apaisée.


Transformer la charge. L’alliance entre la personne et le thérapeute permet de remodeler, adoucir et faire évoluer la charge émotionnelle, jusqu’à laisser émerger de nouvelles formes plus vivantes.
Transformer la charge. L’alliance entre la personne et le thérapeute permet de remodeler, adoucir et faire évoluer la charge émotionnelle, jusqu’à laisser émerger de nouvelles formes plus vivantes.
Réapproprier et (pour) avancer. Retrouver un lien apaisé avec soi et sa vie, car comme le chante si bien Étienne Daho : tout n’est que recommencement.
Réapproprier et (pour) avancer. Retrouver un lien apaisé avec soi et sa vie, car comme le chante si bien Étienne Daho : tout n’est que recommencement.


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